QUELQUES TERMES ARCHITECTURAUX QUI CONCERNENT LE PRIEURÉ

Il existait au prieuré de La Grange de Durance des éléments architecturaux de défense tels qu’une échauguette au toit en poivrière située à l’angle nord-ouest de la façade de l’église prieurale, une bretèche dont il reste un des éléments au sommet du pan nord de la tour, un assommoir (aujourd’hui colmaté) dans le passage voûté que représente, encore aujourd’hui, l’entrée du corps de logis. Le prieuré possédait aussi un chemin dit de ronde, menant à l’échauguette, qui ne longeait que la partie comportant des créneaux, en façade Ouest, et des ouvertures hautes et étroites qui peuvent être interprétées comme des ouvertures de défense mais qui sont des fentes de jour, même si, celles-ci ont pu servir pour la défense des lieux.
Nous avons pensé qu’il était intéressant de donner quelques éclaircissements et quelques explications sur les termes employés.

L’ECHAUGUETTE

Ce terme qui vient du francisque : Skara qui veut dire troupe et Wahta qui signifie le guet; troupe de guet et par extension guérite de guet.
En architecture il s’agit d’une guérite en pierre élevée en encorbellement sur l’angle d’un château-fort, d’une muraille, pour en surveiller les approches.
L’échauguette, tourelle en général ronde, coiffée d’un toit en poivrière, est différente de la bretèche.

LE TOIT EN POIVRIÈRE

Il s’agit d’une toiture pointue de forme conique placée sur des pavillons ou des tourelles
accolées ou non à un bâtiment principal et nommée ainsi à partir de la fin du 16°siècle ou au début du 17° siècle, par analogie avec les boîtes munies d’un couvercle conique où il était d’usage, à l’époque, de conserver le poivre. Ces boîtes à épices appelées aussi nef étaient un vaisseau d’orfèvrerie servant à orner la table du roi et contenaient outre les épices et les assaisonnements, ce que l’on appelait les épreuves, c’est à dire des fragments de corne de licorne ou de langue de serpent, qui passaient pour avoir la propriété de détecter le poison au moyen desquels on goutait les mets avant de les servir. La nef était un attribut de la puissance souveraine.

LA BRETÈCHE

Ce nom est un dérivé probable du latin brittus: breton; fortification bretonne.
En architecture c’est une petite fortification rectangulaire placée, généralement au milieu d’une façade, en encorbellement, couverte d’un appentis et venant s’ajouter en avant du parement d’un ouvrage fortifié pour mieux défendre un point faible.

L’ASSOMMOIR

Le terme d’assommoir dérive du mot somme employé au sens de fardeau .
En architecture militaire c’est une ouverture aménagée dans une voûte au-dessus d’une porte fortifiée ou d’un passage voûté, permettant aux défenseurs d’assommer l’assaillant au moyen de blocs de pierre qu’on faisait tomber par ces ouvertures.
C’était effectivement le cas au prieuré de La Grange à Durance. L’entrée principale du corps de logis comporte un sas intermédiaire entre deux portes correspondant à l’épaisseur conséquente du mur ouest dans lequel a été incorporé un escalier droit pour distribuer les deux étages. La voûte située au-dessus de ce sas était percée à l’origine, permettant de faire tomber divers projectiles.

LES CRENEAUX, LE CHEMIN DE RONDE, LES MÂCHICOULIS

La Grange de Durance ne possédait des créneaux que sur la façade ouest. Bien que beaucoup d’églises fortifiées aient possédé des mâchicoulis dès le XII° siècle, la façade ouest de La Grange de Durance ne semble pas en avoir été pourvue et le chemin dit « de ronde » se limitait à cette façade. Le mâchicoulis est, à la différence de l’assommoir, une ouverture pratiquée sur le sol des chemins de ronde construit généralement en porte à faux ou en encorbellement et supporté par de grandes consoles.
Concernant la façade occidentale de l’église prieurale et du corps de logis de La Grande de Durance l’hypothèse de l’existence de mâchicoulis entre d’éventuelles consoles, rapportée à plusieurs reprises dans divers croquis, semble aujourd’hui peu réaliste car il est maintenant admis que le parapet couronné de créneaux surmontait directement cette façade.